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Pourquoi pas un potager au lieu du gazon?
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L’Hôtel Vieux-Québec, rue Saint-Jean, a décidé de transformer le toit stérile de l’édifice en un immense potager où les employés peuvent aller cueillir des concombres, des fines herbes, des laitues et quantité d’autres produits frais du jour.
Le Soleil, Erick Labbé
Lise FournierLe Soleil
(Québec) Bientôt, ils seront des milliers à planter des fruits, des légumes et des fines herbes dans tous les espaces inutilisés de Québec, à commencer par les toits plats de la basse-ville, qui se prêtent à merveille à l’agriculture urbaine. C’est du moins ce que souhaite Francis Denault, qui rêve de voir se multiplier les potagers dans la cité. Et pour que le message passe, le jeune homme a fondé avec d’autres l’organisme à but non lucratif Les Urbainculteurs, dont l’objectif est d’inculquer aux gens le réflexe de planter quelque chose d’utile et de comestible dans les espaces inutilisés de la ville, que ce soit les toits, les stationnements, les arrière-cours, les balcons et même les bords de fenêtres. «Arrêtez de mettre des cèdres et du gazon, dit-il, plantez plutôt des produits que vous pourrez déguster.»
Pour Francis Denault, l’agriculture urbaine, c’est plus qu’un passe-temps : c’est un garde-manger de produits frais à la portée de tous, de l’autonomie alimentaire à petit prix, lance-t-il en entrevue. À titre d’exemple, il cite l’expérience des jardins sur les toits du centre d’hébergement Lauberivière qui, l’an dernier, a servi 154 000 repas aux démunis. Un défi alimentaire qui exige, normalement, de quêter à droite et à gauche pour répondre aux besoins. Or, cette année, grâce aux 3200 pieds carrés de culture sur les toits du centre d’accueil, ce sont deux tonnes de légumes qui seront stockés dans le frigo de Lauberivière. De quoi assurer l’approvisionnement des prochains mois et donner un répit aux administrateurs.
Mais avec le jardin communautaire, on espère aussi faire de la réinsertion sociale en amenant les usagers à s’impliquer dans le potager, afin qu’ils trouvent dans cette activité l’espoir de s’en sortir. Comme quoi la création d’un simple coin de jardin peut avoir de multiples répercussions, précise le jeune homme.
Simple comme bonjour
Grosso modo, la production d’un jardin urbain tient à peu de chose, affirme M. Denault. Il faut de la terre, du compost, de bonnes semences, de l’eau et des sacs en géotextile Smart Pot. «En fait, le Smart Pot, souligne Francis, c’est un must pour le jardinier urbain d’une part parce que le coût du sac est minime peu importe le format et d’autre part parce qu’il offre un rendement exceptionnel. «Un rendement nettement supérieur, dit-il, à tous les bacs en plastique de ce monde.» Pour ceux qui sont intéressés, l’organisme Urbainculteurs distribue les Smart Pots par l’intermédiaire de son site Internet (www.urbainculteurs.org).
En prévision de la prochaine saison, Francis Denault conseille aux jardiniers urbains d’arracher les vieux plants, de conserver la terre dans leurs sacs pendant l’hiver. «Au moment de repartir le jardin, dit-il, vous n’aurez qu’à ajouter de la terre, beaucoup de compost et des semences.» Or, même si la saison du jardinage tire à sa fin, il pense que gens peuvent profiter de l’hiver pour se documenter sur les petits potagers, consulter le site des Urbainculteurs et faire des plans pour le printemps.
Une vision élargie
Pour ce passionné, il est clair que l’avenir des jardins urbains dépasse largement les toits des immeubles. En se promenant dans les rues de Québec, le jeune homme imagine déjà les falaises de la ville couvertes de vignes, d’arbres fruitiers; les parkings abandonnés remplis de tomates, de céleris, de poireaux, de poivrons, de laitues et de pommes de terre. Il lorgne même du côté des voûtes Jean-Talon, dont les terrains situés derrière Lauberivière sont stériles. «Imaginez tout ce qu’on pourrait faire pousser ici», déclare-t-il enthousiaste.
Revenir aux sources
«Nos ancêtres avaient le réflexe de planter des choses utiles. À l’époque, des gazons, ça n’existait pas, dit-il. La moindre parcelle de terrain devait rapporter. Aujourd’hui, on se tue à avoir le plus beau gazon du quartier. Dans quel but?» Selon lui, il suffirait qu’une personne donne l’exemple en transformant sa pelouse en potager pour en convaincre d’autres. On s’éloignerait de l’obsession du gazon bien vert et bien fourni.
La microbrasserie La Barberie, dans le quartier Saint-Roch, a remplacé le gazon par des légumes, des petits fruits et des fines herbes autour de la terrasse. «Et ça pousse à merveille», s’exclame M. Denault. Même les cèdres n’ont pas empêché les légumes de pousser grâce aux Smart Pots qui protègent les cultures de l’acidité des conifères.
En ce moment, plusieurs restaurants, hôtels et commerces de la ville sont en voie de devenir des jardiniers urbains. Le Château Frontenac est un pionnier à ce chapitre. Mais d’autres s’y intéressent. C’est le cas de l’hôtel Vieux-Québec, rue Saint-Jean, qui a érigé un immense potager sur son toit, que les Urbainculteurs ont accepté de superviser. Là aussi on trouve des concombres, des tomates, des fines herbes. Et celles-ci sont même utilisées par les cuisiniers du restaurant des Frères de la côte. Le phénomène commence à s’étendre à des ministères, à des écoles et à l’Université Laval. C’est encore timide, souligne Francis Denault, mais il faut un début à tout.
Sur Internet: www.urbainculteurs.org – Courriel: info@urbainculteurs.org
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